pascal qu est ce que le moi

Moi Pascal Dusapin, compositeur contemporain. 3 septembre 2010 De tout et de rien, en musique, Soyons sérieux :-) compositeur, Dusapin, Dutilleux jlfoucart. Je me présente : je m’appelle Pascal Dusapin. Je suis compositeur depuis l’âge de 18 ans. Un journaliste du Monde dans un interview d’avril 2009 a écrit : “On dit qu’il est le plus connu et le plus joué en France et Pascal, auteur chrétien, grand scientifique, se pose une question : « Qu'est ce que le moi ». Cette problématique, de nature humaine, est une recherche a laquelle beaucoup de philosophe ont tenté de répondre, en vain. Pascal voulait absolument acquérir le savoir du moi, de quoi était il fait, était il réel ou n'était-il qu'une illusion ? Ce texte de Pascal va alors nous montrer Pascaldans ce texte commence par étudier les qualités physiques du « moi ». Pour cela il commence avec l'exemple d'un « passant ». Etre passant est une qualité physique accidentelle. On peut être un passant pendant un moment puis ne plus l'être l'instant suivant. On ne peut pas être tout le temps un passant, ce n'est pas une qualité naturelle. Je ne suis passant que pour celui Danscette vidéo nous allons étudier le texte dont est issu la célèbre citation de Pascal : "On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités." Ta QUEST-CE QUE LA PSYCHANALYSE ? avec Deleuze et depuis Hume Tome I Pascal Nottet Lire en psychanalyse PSYCHANALYSE, PSYCHIATRIE, PSYCHOLOGIE. Dans le contexte culturel actuel, il est nécessaire de penser à nouveaux frais ce qu’il en est de la psychanalyse et de la praxis qui lui est propre et de problématiser la question de l’autisme non seulement nonton miracle in cell no 7 sub indo dramaqu. S’il est une attitude assez fréquente qui surprend, c’est de voir quelqu’un être l’objet de la haine, non pas des autres, mais de soi. Pascal l’avait justifiée dans ses Pensées. Il écrivait Le moi est haïssable … – Point, car en agissant, comme nous faisons, obligeammant pour tout le monde, on n’a plus sujet de nous haïr. – Cela est vrai, si on ne haïssait dans le moi que le déplaisir qui nous en revient. Mais si je le hais parce qu’il est injuste, qu’il se fait le centre de tout, je le haïrai toujours » Dans ce court dialogue, il expose une objection de bon sens à sa thèse, à savoir que le moi n’est pas haïssable puisque nous agissons avec respect vis-à-vis des autres. Il n’y aurait pas matière à haine. À quoi Pascal répond que ce n’est pas ce qui est en question, c’est-à-dire que le moi n’est pas haïssable en tant que l’autre ne nous respecte pas. Il est haïssable parce qu’il fait preuve d’injustice, ce qu’il explicite en disant que le moi se prend pour le centre de tout. Le respect n’est donc qu’apparent. Dès lors, je dois le haïr même s’il paraît respectueux. Et c’est moi qui dois être pour moi-même l’objet de ma haine. Or, s’il est vrai que le moi est haïssable, comment serait-il possible de le haïr, voire qu’il puisse même en avoir l’idée puisque injuste, le moi ne peut que s’aimer ? Dès lors, on peut se demander quel sens on peut donner à cette fameuse thèse de Pascal selon laquelle Le moi est haïssable ». On se demandera d’abord s’il suffit que le moi se dédouble pour qu’il puisse se haïr, puis si la haine du moi provient de la culpabilité qui appartient à l’homme ou à l’individu, et enfin si elle n’est pas plutôt dans le modèle du moi que le moi veut être qui l’amène à vouloir faire disparaître le moi qu’il est. On s’appuiera sur le livre X des Confessions du père de l’Église, Augustin, de la pièce de théâtre écrite pour être lu, Lorenzaccio d’Alfred de Musset et d’une autobiographie de Michel Leiris, L’âge d’homme. La haine est cette passion qui nous conduit à vouloir la destruction partielle ou totale de l’autre. Ainsi, dès la scène 2 de l’acte I de la pièce de Musset voit-on des commerçants manifester de la haine pour les soldats allemands de la garnison et pour le tyran, le duc Alexandre. De même, Michel Leiris fait part de sa détestation du christianisme lorsqu’il parle de l’emprise imbécile de la morale chrétienne » Or, il est clair que la haine semble différente de l’amour en tant qu’on comprend comment il est possible de s’aimer soi-même mais difficilement de se haïr soi-même puisque cela reviendrait à vouloir se détruire. Et pourtant, il semble bien que la haine de soi soit possible. Comment ? Il apparaît nécessaire que celui qui se hait lui-même puisse se dédoubler d’une façon ou d’une autre pour que la haine ne soit pas simple complaisance à soi. Après sa conversion, Augustin est capable de haïr celui qu’il est encore au nom de l’amour de celui qui lui donne son unité la plus haute, à savoir Dieu. En effet au chapitre 2 il demande à Dieu de faire en sorte qu’il renonce à [lui]-même ». C’est que l’amour de Dieu doit s’entendre d’abord comme un génitif subjectif et implique de se haïr soi-même. Le mot de Pascal trouve bien chez Augustin sa source profonde. Quoique Musset manifeste peu de sympathie pour le christianisme comme le montre son personnage du cardinal Cibo qui prétend pouvoir dire des choses que Dieu lui-même ne saura jamais » acte IV, scène 4, son personnage de Lorenzo présente bien cette duplicité. Sa mère et Catherine avertissent le lecteur à la scène 6 de l’acte I il n’est plus ce qu’il a été. Le jeune homme amoureux de la vérité est devenu un criminel débauché. Il est donc potentiellement susceptible de se haïr. Leiris écrit à partir de cet homme qu’il est devenu et contre ce qu’il a été. Si son identité lui paraît hors de doute à travers quelques thèmes qui reviennent de façon obsessionnelle, sa manie de l’identification montre comment être soi est pour lui impossible et le pousse à la possibilité de la haine de soi. Par exemple, il s’identifie à une courtisane pour son plaisir solitaire en utilisant sa chemise de nuit à cet effet Être un souffre-douleur est un trait de son caractère qui se manifeste dans ses jeux enfantins. Preuve de cette haine de soi. Toutefois, il ne suffit pas de cette duplicité pour qu’il soit possible que le moi se haïsse lui-même. Car, il pourrait tout aussi bien s’aimer lui-même. On doit donc concevoir qu’il y a dans le moi quelque chose de plus profond qui attire la haine de soi. N’est-ce pas que le moi est mauvais comme Pascal l’indique. Comment celui qui est mauvais pourrait se haïr ? En effet, pour qu’il y ait haine, il faut que la personne haïe soit pensée comme mauvaise par celui qui le hait. Si Maffio hait le duc, c’est parce qu’il a séduit sa jeune sœur et la scène 1 de l’acte I a montré qu’il était près à en appeler au duc qu’il croyait juste cf. scène 6 de l’acte I. Augustin se montre violent avec les Platoniciens au chapitre 42 qui sont pour lui des hommes mauvais dans la mesure où les intermédiaires qu’ils prennent pour remonter à Dieu sont des démons et non par le seul vrai intercesseur, le Christ chapitre 43. Il manifeste à ce moment une sorte de haine difficile pour un chrétien. Quant à Leiris, il hait son frère aîné qui représente pour lui le bourgeois, à savoir ce qu’il déteste. Or, pour que cette haine soit possible par rapport à soi, encore faut-il que moi, je puisse me penser comme mauvais, ce qui suppose aussi que je ne soit pas absolument mauvais sans quoi je m’aimerais injustement. C’est le thème essentiel des Confessions. C’est le péché qui caractérise l’homme. Son orgueil exige qu’il soit brisé par Dieu. Et c’est ainsi que la haine de soi trouve dans le caractère encore mauvais du moi sa source. Et si elle est possible, c’est parce que le moi en quelque sorte promis par Dieu hait celui qui est encore séparé de Dieu. Dieu est l’opérateur de la haine de soi par l’amour qu’il porte à l’homme. C’est pour cela que la confession augustinienne est à la fois louange à Dieu et exposition de ce qu’il y a de mauvais en l’homme comme il l’explique notamment dans son Commentaire au psaume 144 la confession ne s’entend pas seulement de l’aveu des fautes, elle s’entend aussi de la louange ; et ne croyez pas que partout le mot de confession ne signifie que l’aveu du péché. » C’est également ce qui fait que Lorenzaccio est fondamentalement désemparé par l’attitude des humains et donc de lui-même. Il réussit à les corrompre alors que son but initial était de les sauver. Telle est l’essentielle pour notre propos de sa “confession” à Philippe Strozzi à la scène 3 de l’acte III. Dès lors, il est amené à haïr l’homme en lui. Leiris confesse deux fois ; son auto punition qui manifeste une haine de sa propre faiblesse. La seconde fois il indique bien que c’est à cause de sa lâcheté qu’il s’est puni lors de son amour avec Kay. La lâcheté étant une faute morale, c’est l’homme mauvais que Leiris semble ainsi punir. Cependant, si la faute était irrémédiable, l’homme ne pourrait se haïr et par conséquent, il ne serait pas possible que le moi soit haïssable. En outre, il y a une sorte de plaisir que remarque Leiris ou une nécessité de l’orgueil, la troisième tentation et la plus grave selon Augustin chapitre 36 à 39, voire une complaisance dans la débauche de Lorenzo qui semble indiquer que la haine de soi est plutôt une sorte d’amour de soi que l’on nomme depuis la deuxième moitié du xix° siècle sado masochisme. Dès lors, pour que la haine de soi soit possible, ne faut-il pas que le moi soit ce qu’il y a haïr à partir d’une situation autre ? En effet, quel sens a que le moi est haïssable par le moi ? Il faut que le moi veuille être autre que ce qu’il est. Et pour qu’il le veuille, il faut qu’il connaisse cet état autre. Et pour le moi, se connaître, c’est finalement être. Déjà l’oracle de Delphes accueillait les hommes avec le connais-toi » car l’homme est justement celui qui n’est jamais assez sage pour s’y conformer comme Alain l’explique dans ses Esquisses de l’homme. Si Lorenzo est haïssable pour ses proches, c’est parce qu’il ne répond pas à la promesse qu’il a été. Et c’est pour cela qu’il peut lui-même avoir ce comportement suicidaire qui amènera à sa mise à mort comme le montre l’acte V. Augustin interprète comme poids de la chair chapitre 40, comme tentations de la volupté, de la curiosité et de l’orgueil chapitre 30 ce moi qu’il ne veut plus être. Quant à Leiris, il se sent rongé il lui semble qu’il s’effrite Mais d’où vient alors le moi qui permet au moi de se haïr ? Dans L’Âge d’homme, c’est le thème de la séparation du sujet et de l’objet à 40, La haine de soi repose sur la volonté du retour à l’origine de la non séparation, du chaos de l’enfance En étant séparé du monde, le moi est aussi séparé de lui-même. La manie de la confession produit un dédoublement qui est le manque de l’existence qui provoque la haine. Et la confession tente de recoller les morceaux. Mais c’est également le thème des Confessions car qu’est ce que ce bonheur qui manque sinon ce qui a toujours déjà précédé et dont nous sentons le manque. L’avons-nous toujours connu – thèse platonicienne – ou est-ce le péché originel – thèse chrétienne – Augustin avertit son lecteur dans le chapitre 20 qu’il ne s’en enquiert pas dans les Confessions. Toujours est-il que c’est à partir justement de cette mémoire d’un moment de manque qu’il est possible de haïr le moi actuel. Lorenzaccio se demande dans un moment de doute, à la scène 3 de l’acte IV, s’il n’a pas été enfanté par un tigre, l’animal féroce par excellence, lui qui veut tuer le duc Alexandre alors que ce dernier ne lui a finalement fait que du bien. Il s’apparaît à lui-même monstrueux ou comme provenant d’un monstre. Et c’est cette origine possible qui, un moment, le console paradoxalement au moment où il est proche d’accomplir son projet. Doute qui ne dure pas. Car, c’est le souvenir de ses rêves de bonté et d’action en faveur du bien qui est le fil de l’unité de son existence. Fil qui se brise une fois le meurtre accompli. En un mot, le problème était de savoir quel sens on peut donner à la thèse des Pensées de Pascal selon laquelle Le moi est haïssable ». On a vu qu’il ne suffisait pas que le moi se dédouble pour qu’il puisse se haïr quoique ce soit une condition nécessaire. Le moi doit aussi être de telle nature qu’il puisse vouloir s’abaisser lui-même, se faire mal, voire se détruire. Dès lors, il faut que l’homme soit mauvais. Il faut que l’individu veuille le mal sans trop comprendre pourquoi. Mais cela ne suffit pas s’il est vrai que celui qui est mauvais ne le reconnaît pas. Il faut donc non seulement qu’il soit mauvais mais qu’il veuille être autre qu’il n’est mais que ce soit plutôt son véritable moi qu’il recherche. Le moi est haïssable n’a donc d’autre sens que le moi se pense comme n’étant pas ou n’étant plus ce qu’il doit être mais qu’il le soit suffisamment pour pouvoir justement le penser et vouloir l’être. On pourrait alors se demander si le moi qui manque à lui-même n’est pas toujours un moi défectueux ? Explication 3 - Pascal, Pensées, Qu`est-ce que le moi Explication de texte Blaise PASCAL, Pensées posth. 1669, Qu’est-ce que le moi ? » Le tournant philosophique que constitue l’œuvre de Descartes, à la première moitié du XVIIe siècle, est associé à l’irruption du Moi » comme principe premier de la réflexion. Je » ne suis plus un terme second, une fois considéré Dieu, la totalité de la nature ou la communauté politique, mais la pierre de touche de tout fondement correct. Il semble permis d’apercevoir ici la genèse d’une pensée aux dimensions humaines, et par suite de l’humanisme qui se développera dans le courant du XVIIIe siècle, voire d’un existentialisme fin XIXe, début XXe siècle. Je suis, j’existe », représenterait le motif de la subjectivité triomphante, qui s’affirme contre tous les faux-semblants hérités de la soumission aux conventions religieuses ou sociales – et qui doit culminer dans la possibilité offerte à l’individu moderne d’enfin être luimême » ou de venir comme il est ». Pourtant, ce principe est-il un principe si fécond ? Peut-on aisément l’identifier et le mettre existentiellement en avant ? C’est ce que conteste Pascal, dans ce fragment des Pensées publiées seulement de façon posthume, en 1669 le moi » est pour les être humain sans consistance, il est facteur d’isolement puisque son identité échappe à autrui. Procédant par régression, Pascal établit en effet que si je ne suis pas les qualités de mon corps, ni celles de mon âme jugement et mémoire, et si ce qui reste est trop abstrait pour me caractériser en propre, alors on ne peut jamais apprécier chez moi que ce qui, emprunté, n’est pas moi. Si Descartes fait du moi » l’objet d’une auto-saisie, évidence hors de doute pour moi-même, il passe sous silence la façon dont je » peux être appréhendé par autrui – cet autre moi autre que moi. L’enjeu n’est pas mince, car comment placer le moi » comme point de départ des discussions scientifiques, mais aussi morales et politiques, s’il n’est pas partageable, si la subjectivité indubitable ne permet pas l’inter-subjectivité ? Ainsi, un homme qui se met à la fenêtre d’une rue, observant les passants, me voit-il véritablement, lorsque je passe, demande Pascal ? On pourrait être tenté de penser que oui, c’est d’ailleurs ce que l’on dit j’ai été aperçu par cet homme à sa fenêtre », autrement dit, c’est bien moi qui suis l’objet de sa perception. Pascal répond pourtant par la négative il ne pense pas à moi en particulier ». Et en effet, si j’y songe davantage, la vision qu’il porte vers moi me laisse indifférencié de tout autre homme, il pourrait estimer voir n’importe qui d’autre, voire quelque automate humanoïde portant, comme moi, manteau et chapeau. Cette distinction importante avait déjà été introduite par Descartes, dans sa Seconde Méditation, à propos d’un exemple similaire on a trop tendance à confondre, dans le langage, voir et juger voir. L’homme à la fenêtre ne voit de moi qu’une forme humaine habillée en mouvement, et juge voir là un passant. Mais ce jugement n’est que le produit d’une induction, basée sur ses expériences passées toutes les fois qu’il lui a été donné de le vérifier, les formes humanoïdes en mouvements sous des manteaux et chapeaux correspondaient effectivement à de véritables passants, il est donc probable qu’il en soit de même actuellement. Simplement, cela signifie qu’à rigoureusement parler, pour l’homme à la fenêtre, ce n’est pas moi ici et maintenant qu’il voit sous ce manteau et ce chapeau, mais un mélange plus ou moins abstrait d’autres passants. La situation serait parfaitement différente si l’homme à la fenêtre regardait la foule dans le but de m’identifier il m’attendrait parce que nous avons rendez-vous, mais il faut dans ce cas qu’il m’ait déjà identifié auparavant, qu’il connaisse déjà ce que je suis. Pascal suppose alors le cas où nous estimons être le mieux identifié par l’autre l’amour. L’amour, en effet, s’attache bien à la singularité de l’être aimé. On peut apprécier quelqu’un comme un autre ; l’idée d’amour suppose une impossible interchangeabilité. Celui qui est aimé est un moi incomparable, identique à lui seul. Mais comment l’amant identifie-t-il véritablement l’aimé ? Ou doit être située la singularité qui lui fait identifier une personne unique ? La réponse la plus évidente semble celle de la beauté. L’amant reconnaît l’aimé dans sa singularité corporelle. S’assurer que l’autre est sensible à ma beauté – et insensible à toute autre beauté potentielle –, cela semble bien vérifier qu’il est lié à moi à la façon du personnage de Camille au début de la fameuse scène d’ouverture du Mépris de Godard. Et pourtant, là aussi l’identification est rapidement contestable, tant il est aisé de désolidariser le moi de son existence corporelle la petite vérole aujourd’hui la variole, cette maladie sexuellement transmissible provoquant de fortes éruptions cutanées détruirait ma beauté, sans toutefois me tuer, moi. La reconnaissance amoureuse qui se portait vers mon corps tel qu’il était fait donc l’aveu qu’elle n’était pas reconnaissance de ce que je suis. N’est-ce pas précisément l’inquiétude de l’aimée de n’être l’objet que d’un amour de surface, qui s’éteindrait avec la vieillesse ou la maladie ? Il faut donc conclure ce premier jet le moi » n’est pas le corps – et l’autre ne peut, par suite, d’aucune façon me percevoir adéquatement. 1/2 Mais si, selon la Sixième Méditation, je ne suis certes pas dans mon corps comme un pilote en son navire », il reste que moi, chose pensante, ne saurais me confondre avec mon corps. Et si l’on admet que l’amour de la simple beauté n’est qu’un amour superficiel, c’est qu’il est possible à celui qui m’aime de s’attacher, au-delà de l’apparence physique, à ce qui me semble me caractériser bien davantage mon jugement et ma mémoire. Le jugement, qui désigne la synthèse personnelle de la rationalité et des sentiments, et la mémoire, témoin du vécu unique de chaque individu, semblent en effet conjointement le jugement est influencé par la mémoire du passé, la sélection opérée dans le tissu mémoriel est l’affaire du jugement me définir. Ne se trouve-t-on pas une affinité avec celui dont les souvenirs correspondent aux siens ? Ne trouve-t-on pas qu’apprécier les mêmes choses est se ressembler, au point que l’on puisse parler d’âmes jumelles ou d’âmes sœurs ? Descartes, pour définir ce que je suis, au début de la Seconde Méditation, parle bien d’une chose pensante, c’est-à-dire [d’]une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent », n’est-ce pas là l’être de jugement, appuyé sur sa mémoire ? Pascal, pourtant, d’invalider également cette piste je puis perdre ces qualités [mémoire et jugement] sans me perdre moi-même ». Aucune situation n’est ici mentionnée. Comment comprendre une telle affirmation, de prime abord assez contre-intuitive ? John Locke, dans son Essai sur l’entendement humain, vingt ans après la publication des Pensées, fera précisément de la mémoire le marqueur de l’identité personnelle. Et pourtant, il semble bien que si mon jugement comme ma mémoire se transforment tout le long de ma vie pour s’enrichir ou s’appauvrir, je considère bien que le nourrisson que je vois sur cette photo de famille est bien moi, que je ne meurs pas en changeant d’avis ou en oubliant quelque période de ma vie passée, et que quels que soient les opinions et souvenirs présents dans mon vieil âge, ils seront bien les miens. En d’autres termes, il semble qu’on puisse affirmer avec Pascal que comme la corporalité, l’orientation prise par ma pensée n’est qu’une qualité du moi et ne se confond pas avec lui. L’amant qui s’y attache ne m’identifie pas moi essentiellement. Il ne se lie qu’à des attributs contingents et périssables ». Pascal n’est en fait ici pas si éloigné de Descartes la chose pensante doit, certes, être comprise comme ce qui doute, conçoit, affirme et nie, mais indépendamment de la particularité de ce qui est conçu, affirmé ou nié. La preuve en est le caractère de péremption, attribué aux jugements et à la mémoire pour les différencier du moi. C’est la Sixième Méditation qui sert ici de soubassement, et la preuve de l’immortalité du moi le cogito, dont on se saurait concevoir la divisibilité, ne peut par suite subir quelque corruption. Toute rassurante que pourrait être cette pensée face à la mort, Pascal en dévoile, pour cette vie, les tristes conséquences personne ne peut m’aimer, car personne ne peut m’identifier. Quant à cette substance de l’âme, la pure chose pensante décrite dans Seconde et la Troisième des Méditations, Pascal explique que, parfaitement générale elle concerne toute subjectivité, elle est abstraite et donc ne s’offre pas à l’appréciation humaine [o]n n’aime […] personne, mais seulement des qualités ». Qui pourrait aimer indifféremment tout homme ? Qui souhaiterait être aimé exactement comme tout un chacun ? Et Pascal de conclure il n’est pas indigne de se faire estimer pour quelque rôle socialement établi, quelque honneur public que l’on aurait pu opposer aux œuvres sincères d’une intimité non compromise par la vie mondaine, car nul ne peut être aimé autrement que pour ce qu’il n’est pas, des attributs qu’il emprunte. Comme pour le fragment des deux infinis, Pascal, assume les renversements de paradigme de la modernité, mais c’est pour les retourner contre l’ambition qui les portait la subjectivité cartésienne n’est pas récusée, mais est mise en lumière sa stérilité, l’isolement vis-à-vis d’autrui qu’elle engage et donc son inaptitude à fonder, comme le voudrait Descartes, l’ensemble de la pensée philosophique les phénoménologues et existentialistes, qui reprendront à nouveaux frais, au début du XXe siècle, l’ego cartésien, se verront régulièrement achopper sur le problème du solipsisme. Comme pour le fragment des deux infinis, c’est tacitement une apologie de la religiosité chrétienne qui s’exprime – selon le projet initial des Pensées. Qui, en effet, pourra répondre au désir de chaque individu d’être identifié, aimé pour ce qu’il est véritablement, selon son essence propre, si ce n’est Dieu ? Il n’y a pas d’amour heureux – sauf dans la foi, car seule l’omniscience divine permet de dépasser l’aporie de la demande d’affection humaine. Tout autre lien doit être considéré comme superficiel, caduc. Pascal ne prouve jamais l’existence de Dieu. Il ne fait jamais de la foi une affaire de raison démonstrative, mais toujours une affaire de cœur. Si l’enthousiasme du libre-penseur pour les révolutions intellectuelles modernes est rabroué par la mise en lumière des implications de ces dernières, toute liberté lui est laissée de se porter ou non vers la religion il n’est question pour lui alors que de voir s’il préfère un univers sans possibilité d’amour et de reconnaissance personnelle à celui dans lequel ils peuvent être envisagés. Comme dans le fragment du pari, Pascal ne s’adresse, en dernière instance, qu’aux intérêts de l’incroyant désire-t-il vraiment s’enfermer dans la misère affective ? Souhaite-t-il vraiment se refuser à la jouissance ? 2/2 Qu’est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis-je dire qu’il s’est mis là pour me voir ? Non, car il ne pense pas à moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime-t-il ? Non car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu’il ne l’aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m’aime-t-on moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s’il n’est ni dans le corps ni dans l’âme? Et comment aimer le corps ou l’âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu’elles sont périssables ? Car aimerait-on la substance de l’âme d’une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. Qu’on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n’aime personne que pour des qualités empruntées. » — Blaise PASCAL, Pensées, 1670 Le moi est haïssable. Vous, Mitton, le couvrez, vous ne l’ôtez point pour cela vous êtes donc toujours haïssable » 494-597. Pascal s’adresse à Damien Mitton, son ami libertin, théoricien de l’honnêteté. Celle-ci, selon Pascal, dissimule le moi, l’amour-propre, mais ne l’anéantit pas. Pascal brutalise son ami vous êtes haïssable malgré votre altruisme. L’honnête homme est un hypocrite grâce à sa civilité humaine, son moi n’est pas le centre de tout », mais seule la piété chrétienne peut subsumer l’amour-propre sous la charité. Mais le moi ne s’identifie pas toujours à l’amour-propre dans les Pensées Je sens que je puis n’avoir point été, car le moi consiste dans ma pensée. Donc moi qui pense n’aurais point été, si ma mère eût été tuée avant que j’eusse été animé. Donc je ne suis pas un être nécessaire » 167-135. L’utilisation du moi comme forme substantivée était récente. On la trouvait chez Descartes, dont ce fragment des Pensées rappelle la deuxième Méditation Peut-être se pourrait-il faire, si je cessais de penser, que je cesserais en même temps d’être ou d’exister. » Pascal, lui, insiste sur la contingence, l’absence de nécessité du moi. Le moi manque de substance, et la philosophie naturelle est incapable de justifier son existence. Un autre fragment paradoxal des Pensées porte justement pour titre Qu’est-ce que le moi ? » Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis‑je dire qu’il s’est mis là pour me voir ? Non, car il ne pense pas à moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime‑t‑il ? Non, car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu’il ne l’aimera plus » 567-688. On a remarqué que le visage de Jacqueline, la sœur très aimée de Pascal, avait été abîmé par la petite vérole en 1638, quand elle avait 13 ans. Mais on a surtout pensé à une page des Méditations de Descartes sur des hommes qui passent dans la rue. Comment savoir, demande Descartes, si la forme qui passe sous un chapeau est un homme ou un automate ? Pascal se sert de la scène autrement. Il ne se demande pas si, pour l’observateur, les passants sont des hommes, mais si l’homme à sa fenêtre m’attend moi. Le moi, ici, n’est plus l’amour-propre, mais ce qui distingue un individu, ce qui en fait une personne. Dans le cadre de la philosophie naturelle, le moi est une réalité indubitable, dont nous avons le sentiment immédiat, mais cette réalité est incompréhensible. Chaque homme est une personne, mais cette personne est indéfinissable. Ne faisons pas de contresens Pascal ne soutient pas qu’il n’y a pas de moi, mais qu’il est impossible de déterminer l’essence de chaque moi. Le moi n’est ni une substance ni un accident. L’amour que l’on a pour quelqu’un est inséparable de sa beauté, et, si cette beauté vient à disparaître, affirme Pascal, l’amour est détruit. La suite à écouter Narcisse Le Caravage 1593 Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants ; si je passe par là, puis-je dire qu’il s’est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime-t-il ? Non car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu’il ne l’aimera plus. Et si on m’aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m’aime-t-on, moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s’il n’est ni dans le corps, ni dans l’âme ? et comment aimer le corps ou l’âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu’elles sont périssables ? car aimerait-on la substance de l’âme d’une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. Qu’on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n’aime personne que pour des qualités empruntées. Pascal, Pensées, Qu’est-ce que le moi ? » Laf. 688 Dans ce texte, extrait du recueil des Pensées de Pascal, il s’agit en quelques leçons d’apprendre une vérité sur le moi, et d’en déduire la valeur de l’amour que l’on peut lui porter. Mais quelles leçons de vérité le philosophe peut-il nous donner sur le sens de l’amour que l’on porte à soi-même ? Et pourquoi ces leçons sont-elles si importantes pour moi ? L’intérêt de ce texte est qu’il ne présuppose pas un savoir prétendu de philosophe sur l’identité du moi ou le sens de l’amour mais bien plutôt met en question ce prétendu savoir tout autant que les opinions du sens commun dont il partage au fond les mêmes préjugés. Première leçon Que je vienne à passer dans la rue, aperçoive un homme à sa fenêtre, et je peux me croire alors l’objet de son attention. C’est que je ne me considère pas comme n’importe quel passant anonyme je suis moi-même, et moi-même, du point de vue de mon amour-propre, ce n’est pas n’importe qui ! Or la leçon consiste à reconnaitre que le regard de l’homme a sa fenêtre n’a sans doute que faire de moi qui passe par là. Il peut ne chercher dans cette activité d’observation qu’un simple passe-temps. Pascal parle dans d’autres textes du divertissement » comme de l’occupation principale de la plupart des hommes. Cet homme ne voit passées que des silhouettes anonymes. Je ne suis donc, pour lui personne en particulier. C’est la première leçon accepter de n’être personne pour quelqu’un qui vous regarde avec indifférence, comme un simple passant anonyme. La deuxième leçon est plus difficile il s’agit de comprendre la vérité sur l’amour de la beauté. Cet amour ne consiste jamais à aimer quelqu’un pour lui-même mais d’abord seulement pour sa beauté physique. Pour obtenir l’amour, l’aimé e montre son plus beau profil, et cherche ainsi chez l’amant e les preuves de cet amour. Mais l’amour de la beauté prouve justement le contraire de ce qui est recherché ! L’amant va s’attacher à la beauté et non à la personne. Il y a donc dans l’amour de la beauté une illusion qui fait tout son charme mais aussi toute sa cruauté quand l’illusion de dissipe. On peut parler d’une vanité » de cet amour esthétique, c’est-à-dire d’une valeur séduisante mais trompeuse de la beauté. La petite vérole en tuant la beauté éclaire la vanité de l’amour esthétique, et nous rapproche ainsi de la vérité sur nous-mêmes. Troisième leçon Si ce n’est pas la beauté qui nous rend aimable, on peut trouver heureusement des valeurs-refuges qui m’assurent quand même l’estime d’autrui. Si je suis un esprit reconnu pour son intelligence, je peux me croire mieux aimé que pour une beauté fragile et périssable. Or, je ne suis pas mon intelligence, pas plus que je ne suis ma beauté ! Mon jugement ne fait pas de moi ce que je suis, et pas plus ma mémoire. Abruti par la passion, rendu amnésique par la maladie, je resterais moi-même. La troisième leçon se charge donc de démasquer comme tout aussi vaines que la beauté ces qualités si mal nommées propriétés intellectuelles. Que reste-t-il de ce que je croyais pouvoir identifier comme le propre de moi ? Quelqu’un qui ne peut ni être ni localisé, ni à proprement parler aimé. Ce qu’on aime en moi, ce n’est en effet jamais moi-même mais des qualités impropres du corps ou de l’âme, lesquels ne sont dès lors aimables qu’à proportion de ces qualités. Ce on » cache peut-être cependant dans sa formulation impersonnelle le secret de la relation amoureuse qui est d’être une relation entre un je » et un tu ». Dès lors la propriété essentielle du moi pourrait bien être de constituer, non pas une substance » pensante ou matérielle comme le soutiennent des philosophes comme Descartes, mais le désir d’être aimé au travers d’une relation personnelle parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Telle est ainsi selon Montaigne, le secret de l’amitié. On pourrait alors soutenir que Pascal ne caractéristique ici qu’une forme inférieure d’amour, celle qui n’accède pas au coeur de la relation amoureuse, et en reste à la jouissance des qualités superficielles et impersonnelles car périssables », qu’elles soient qualités du corps ou de l’âme. La fin du texte prend ainsi une tournure morale la question de la nature du moi n’est en effet pas essentiellement une question métaphysique. Elle interroge la dignité, c’est-à-dire la valeur de la personne qui me constitue, et qui me rend essentiellement aimable. Pascal ne fait pas comme Descartes de la substance pensante ce qu’il y a de plus digne en moi. Le sujet pensant est un sujet abstrait qui sera toujours aimé pour des qualités qui ne lui sont pas essentielles, et qui ne sera donc jamais aimé pour lui-même. Cela doit conduire à éviter les défauts d’une attitude courante chez les philosophes. Estimant à tort le moi adorable dans sa substance, ils en viennent à mépriser la recherche des honneurs ces charges et offices qui consacrent souvent une position sociale, et sont souvent le résultat d’une laborieuse lutte pour la reconnaissance. Ce que veut dire Pascal est qu’il est tout aussi vain de rechercher les honneurs que de chercher à être aimé pour des qualités physiques ou intellectuelles qu’on estime à tort pouvoir caractériser son identité personnelle. Le secret de l’amour, et peut-être aussi de la gloire est ailleurs. Ne pas rire, ne pas pleurer mais comprendre » dira Spinoza pour qualifier l’attitude du vrai philosophe devant le spectacle des passions humaines. Comprenons ici que les hommes qu’ils recherchent des honneurs ou la satisfaction de leur amour-propre n’en recherche pas moins maladroitement l’amour. Les premiers n’ont pas à être plus moqués que les seconds. La vérité du moi est cruelle Le moi est malade, passionné d’amour-propre et cet amour l’aveugle sur la vraie nature de lui-même qui est justement de ne posséder en propre aucune qualité. Mais cette vérité est aussi libératrice elle permet de comprendre le paradoxe du moi Le moi n’est pas aimable et pourtant il ne désire follement qu’une chose être aimé, d’où la folie de la passion amoureuse ! Que peut faire le philosophe ? Non se moquer d’une attitude qu’il n’est pas le dernier à reconduire, mais comprendre le vrai chemin personnel et tortueux de la relation amoureuse, et pour cela reconnaître qu’être un sujet, pour moi, c’est toujours désiré au plus haut point être ce que je ne suis pas, ce désir animant toutes mes conduites, les plus folles comme les plus sages. Autre explication du même texte plus analytique et érudite ici

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